L’initiative WINs (Women in Neglected Tropical Diseases) s’est donnée pour mission principale de contribuer à l’élimination des maladies tropicales négligées (MTN) en Afrique. Pr Emilienne Epée en est la fondatrice et la directrice générale. Pour en dire long sur le sujet, elle a accepté le 21 août 2024 d’accorder une interview à Centrifuge Hebdo sur la plateforme du réseau des médias africains dénommé REMAPSEN.
Centrifuge Hebdo : pouvez -vous nous présenter l'initiative Wins ? Depuis quand existe-t-elle ?
Pr Emilienne Epée : Wins est une initiative pionnière visant à capitaliser sur l'expertise multidisciplinaire et transversale des femmes qui sont reconnues dans leur domaine d'expertise. Ceci inclut entre autres les médecins, les chercheurs, les enseignantes, les éducatrices, les anthropologues et surtout les professionnels de la communication et du marketing de gestion. En rassemblant toutes ces femmes de divers horizons et en utilisant cette démarche collaborative, Wins cherche à capitaliser les solutions novatrices et efficaces pour contribuer à alléger les souffrances dans un monde sans MTN d'ici 2030, afin que personne ne soit laissé en arrière ou mis de coté, surtout pas la femme.
Notre vision est de contribuer à la réduction des souffrances causées par les MTN en ciblant spécifiquement la participation de la femme. Notre slogan sera : « Femmes engagées contre les maladies tropicales négligées, santé équitable et solutions novatrices ».
Faites-vous de la lutte contre les MTN votre priorité, parmi les urgences sanitaires en Afrique ?
Wins est née il y a trois ans, mais c'était dans nos têtes. C'est la CEO [Chief Executive Officer - PDG en français, ndlr] de Speak Up Africa au début de cette année qui nous a suggéré de faire naître ce bébé qu'elle a porté jusqu'à la naissance, le 7 avril 2024, lors de la cérémonie marquant la célébration de la Journée mondiale de la santé et du 76eme anniversaire de L'OMS qui avait pour thème « Notre santé, nos droits, partout dans le monde, accéder à des services de santé ». Nous avons eu une cérémonie de lancement qui s'est déroulée avec le copatronage du ministère de la Santé, de l'OMS et du soutien très fort de Speak Up Africa. Nous remercions particulièrement le ministre de la Santé et le représentant de l'OMS qui ont pris de leur temps pour nous accompagner dans cet exercice.
Pouvez-vous nous partager quelques activités réalisées par Wins ?
Je travaille au ministère de la Santé publique. Au cours de l'exercice de mes fonctions, je remarque donc qu'il y a un gap et des défis au niveau communautaire quant à la lutte contre les MTN, et ceci va de pair avec la nouvelle feuille de route de l'OMS qui nous demande d'accélérer l'élimination, le contrôle de certaines maladies. Wins vient emboîter le pas à ce qui se passe déjà au ministère de la Santé avec la participation des femmes. Nous avons remarqué qu’au niveau de la communauté, l'engagement communautaire devrait prendre en compte les femmes qui sont proches des malades et qui sont généralement les plus victimes des MTN. Voilà notre première motivation.
Que faites vous concrètement pour les femmes qui souffrent de MTN ?
Nous ne voulons pas seulement nous occuper des femmes. Nous voulons contribuer à diminuer les souffrances liées aux MTN mais en passant par les femmes. C'est à dire qu'une analyse genre au niveau de la communauté nous permettra de nous occuper des femmes et des hommes, mais en impactant les femmes. Nous voulons que les femmes arrivent à comprendre, à se renseigner sur ce qui se passe et qu'elles puissent prendre des décisions, les devants. Ce que nous n'avons pas retrouvé quand nous avons fait des études au niveau de l'engagement communautaire ou alors sur la mise en œuvre des activités au niveau opérationnel de la lutte contre les MTN. C'est pour cela que la première activité à laquelle Wins s’attelle, c'est d'avoir une cartographie holistique et une dynamique des communautés. Qu'est-ce qui se passe au niveau de celles qui font bien ? Qu'est-ce qui se passe au niveau de celles qui font mal ? Nous avons donc pour notre première activité, essayé de voir comment commencer dans ce grand ensemble qu'est le Cameroun. Quelles sont les communautés par lesquelles nous allons commencer ? Nous nous sommes dits que nous pouvons attaquer ce problème en cherchant les aires géographiques et les aires culturelles qui pourraient ressembler, le Cameroun étant une Afrique en miniature, aux autres pays. C'est-à-dire que si nous décrivons la dynamique de la santé dans une communauté et que nous trouvons des solutions, et que nous trouvons des défis, une autre communauté pourra commencer par là pour ne pas avoir à commencer par le début. Elle prendra de là pour pouvoir gérer ses défis et ses challenges dans les MTN