Le Conseil international de dialogue et de partenariat (CIDP), situé dans la ville de Yaoundé, a accueilli le 18 juin 2025 une table ronde inédite sur le thème : « Transformer les migrations en levier de développement durable pour les jeunes en Afrique ». L’événement, organisé en format hybride, a réuni un large éventail d’acteurs issus des institutions gouvernementales, de la société civile, du monde académique, de la diaspora, des organisations internationales, ainsi que des jeunes entrepreneurs.
Une vision nouvelle de la migration
En ouvrant les travaux, la présidente du CIDP, Dr Hemes Nkwa, a tenu à remercier les partenaires présents, notamment la mission de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), le Haut-Commissariat des Nations unis pour les Réfugiés, les représentants diplomatiques, les acteurs de la société civile et les jeunes migrants. « L’idée pour nous, c’est de mettre tous les acteurs autour de la table. Mauvais diagnostic, mauvais traitement. Nous devons comprendre les causes profondes des migrations pour en faire un levier de développement durable pour l’Afrique », a-t-elle déclaré.
La présidente a souligné que plus de 70 % des migrations africaines se font à l’intérieur du continent et contribuent au développement économique, social et environnemental. Elle a insisté sur l’importance de porter la voix de la jeunesse et de la société civile dans les instances décisionnelles : « Il est impératif de concevoir des politiques migratoires qui ne soient pas seulement des réponses sécuritaires ou humanitaires, mais de véritables leviers de transformation structurelle. »
Un dialogue multipartite pour des solutions concrètes
Dans une dynamique inclusive, la table ronde visait à analyser les tendances migratoires des jeunes Africains, identifier les bénéfices potentiels pour les pays concernés et formuler des recommandations concrètes. Des échanges riches et participatifs ont permis aux intervenants d’aborder des thèmes cruciaux : causes des migrations, migration circulaire, retour productif, rôle de la diaspora, codéveloppement, et impact des technologies numériques.
Abdel Rahmane Diop, chef de mission de l’OIM au Cameroun, a rappelé l’existence du Pacte mondial pour la migration adopté en 2018, qui engage les États à une meilleure gouvernance migratoire. Il a précisé : « Environ 10 000 Camerounais sont revenus au pays en quatre ans, soit près de six par jour quittant le territoire dans des conditions souvent irrégulières. » Il a salué l’engagement du CIDP dans la coconstruction des politiques publiques et plaidé pour une collaboration élargie à tous les acteurs.
Des résultats attendus pour une migration utile et citoyenne
Les travaux ont permis de dégager plusieurs résultats majeurs : une synthèse stratégique sur les leviers de transformation positive des migrations ; des recommandations opérationnelles à destination des décideurs politiques et des organisations internationales ; l’identification de projets pilotes innovants pour renforcer les liens entre migration, jeunesse et durabilité ; la présentation d’un Livre Blanc en cours de rédaction par le CIDP, intitulé « Esquisse d'une diplomatie migratoire afro-européenne stratégique et efficace » ; la création d’une plateforme partenariale entre le CIDP et l’OIM.
Le CIDP a également annoncé la mise en place d’un groupe de travail sur le thème « migration et développement », pour assurer le suivi des recommandations et leur intégration dans un plan d’action stratégique.
Vers une diplomatie migratoire nouvelle génération
Cette table ronde marque une première étape dans une série de réflexions que le CIDP entend mener sur les dynamiques migratoires. Elle s’inscrit dans la droite ligne des recommandations du sommet de Montpellier, visant à instaurer un forum euro-africain sur les migrations. À travers cette initiative, le CIDP réaffirme sa conviction que les migrations, lorsqu'elles sont bien encadrées, peuvent devenir un vecteur stratégique de développement local, régional et continental.