« La lutte contre la désinformation scientifique : défis et stratégies en Afrique Centrale ». C'est le thème d'une conférence internationale organisée à l’École nationale supérieure polytechnique à Yaoundé, le vendredi 18 octobre 2024. Une conférence qui a permis à la communauté scientifique d'appeler différents acteurs de la société à s'engager contre ce phénomène qui sape les efforts des chercheurs, médecines et autres scientifiques dans la lutte contre les épidémies, les pandémies, les maladies non transmissibles et autres. Cette rencontre a été organisée par l'association Youth for Health and Development of Africa (YOHEDA), en collaboration avec l'agence Science presse au Québec, l'association Journalisme et citoyenneté en France et l'Organisation internationale de la francophonie, dans le cadre d'un vaste programme pour lutter contre la désinformation scientifique.
La salle des conférences de l’École nationale supérieure polytechnique a fait son plein d’œuf. Un peu plus de 200 personnes pour participer à cette conférence dont le thème est d'une actualité brûlante au Cameroun, dans les pays africains et même dans le reste du monde. Des exposés assez édifiants, des échanges entre le panel d'experts et les participants ont permis de dresser un état des lieux assez inquiétant de la désinformation scientifique en Afrique centrale. Cela n'échappe à personne, la désinformation scientifique est un véritable fléau qui empoisonne l'espace public au quotidien. De plus en plus les données scientifiques sont détournées par les acteurs malveillants pour induire les populations à l'erreur. « La science ne devrait pas être au service de la désinformation. Elle devrait être utilisée pour apporter des solutions et donner des informations afin que les individus prennent des décisions éclairées », soutient Blaise Pascal Andjongo, consultant et formateur en éducation aux médias et à l'information. Joseph Mbeng Boum, président de l'association des journalistes scientifiques et communicateurs pour la promotion de la santé (AJC-PROSANTE), va quant à lui insister au cours de cette conférence sur la nécessaire collaboration entre médias, professionnels de la santé et autres acteurs. Il va démontrer tout au long de son exposé que la barrière entre ces différents acteurs doit être brisée afin que les médias puissent accéder à la bonne information et par conséquent la véhiculer. « Quand on vous déclare un cas de polio qui est un fake news, vous n'imaginez pas ce que cela coûte en terme de ressources dans le système de santé pour qu'on arrive à détecter que l'information est fausse », souligne le président de l'association AJC-PROSANTE.
Les médecins et autres scientifiques, les hommes et femmes des médias, les acteurs du digital, les étudiants de différentes filières technologiques ont participé à cette conférence qui aura permis d'identifier les premières lignes de front « contre l’infodémie qui coûte des vies et détériore notre tissu social », insiste la présidente de l'association YOHEDA.
A l'heure où l'Afrique centrale est en proie à plusieurs épidémies telles le mpox, la rougeole, la polio, le choléra, etc, il était impératif pour les hommes de sciences de monter au créneau pour essayer de stopper cette désinformation scientifique qui plombe les efforts des États et de la communauté scientifique et coûte la vie à de nombreuses personnes partout en Afrique centrale comme dans le reste du monde.