Alain Patrick Fouda, grand artisan de la lutte contre le VIH/SIDA à été inhumé ce week-end à Edjen dans la région du Centre. Le choc de l’annonce de son décès survenu le 6 décembre 2024 des suites de maladie reste encore intact dans l’esprit de ses proches, de ses collègues et de ses collaborateurs.
Il y a eu des soirées de recueillement à Yaoundé, comme celles qui se sont tenues à son domicile à Ngoussou ou chez ses parents à Olembe, sans oublier la grande veillée à la chapelle de Mvolyé.
L’un des moments les plus pathétiques restera le vibrant hommage qui a été rendu au défunt le mardi 14 janvier 2025 au siège de l'ONUSIDA à Yaoundé. Des témoignages, il y en a eu. Les membres de la famille, les organisations gouvernementales et non gouvernementales, les associations et les autres partenaires de l'ONUSIDA ont pris d'assaut la mezzanine de l'immeuble abritant l'ONUSIDA à Yaoundé. Ils ont tenu à rendre hommage au directeur exécutif du RECAJ+, ce jeune homme de 28 ans qui a fortement impacté la prise en charge des enfants et adolescents vivants avec le VIH au Cameroun et dans la sous-région.
Alain Patrick Fouda était un jeune pas comme on en rencontre tous les jours. « Il avait une forte vision, il était plus intelligent que son âge, il inspirait, enseignait même les personnes aussi expérimentées que nous par des points de vue qu'il partageait de part et d'autres sur le paysage et l'environnement de la santé et plus particulièrement de la lutte contre le VIH au Cameroun, dans la sous-région et dans le monde », explique valentine Oloume, spécialiste du développement et de la participation des adolescents à l'UNICEF-Cameroun.
Patrick était l'un des fondateurs du RECAJ+ (Réseau camerounais des adolescents et jeunes positifs). Le principal souvenir que Maxime Bivina, son plus proche collaborateur, directeur exécutif par intérim du RECAJ+, garde de lui, c'est celui d'un homme engagé. « Sa vision était de veiller au bien-être psychologique et social de nous tous, les adolescents et jeunes qui vivons avec le VIH dans le pays ». Maxime promet désormais de tout faire pour poursuivre le combat : « Rien ne va changer, nous continueront dans la même lancée pour que tous les jeunes et adolescents vivants avec le VIH au Cameroun puissent être totalement à l'aise ».
Patrick Fouda est ce jeune homme qui est reconnu pour son activisme. Il a participé à la transformation, il a fait bouger les lignes dans le domaine de la prise en charge pédiatrique au Cameroun. « Les exemples sont nombreux. Sa contribution dans les documents de haut niveau. On peut en citer d'autres », souligne Valentine Oloume.
Bakkali Taoufik, directeur de l'ONUSIDA au Cameroun abonde dans le même sens que toutes les organisations représentées à la soirée de recueillement. Il va insister sur le fait que son organisation vient de perdre un partenariat clé, un mobilisateur de la communauté. « Il était un inspirateur de la confiance, une référence de la sagesse pour beaucoup d'autres organisations ». Bakkali Taoufik s'est dit très touché par le nombre d'organisations venues rendre hommage à Patrick. « Malgré la douleur, le combat doit continuer », précise le représentant pays de l'ONUSIDA. « Tout en célébrant tout ce qu'il a laissé derrière, on voulait attirer l'attention que c'est pas la fin du monde, il faut continuer le combat ». Pour ce dernier, Patrick représentait le modèle exemplaire de l'activisme responsable et engagé « dont nous avons besoin dans la réponse au VIH et surtout qu'il était un activiste très engagé en matière de droits ». Les droits des jeunes et des adolescents qui sont généralement les populations laissées-pour-compte, constituaient son principal cheval de bataille. « Il était l'une des personnes clés à attirer l'attention sur les besoins spécifiques de cette population, à travers son plaidoyer et son engagement ».
Patrick Fouda était devenu une référence mondiale, souvent sollicité dans les grandes conférences internationales pour donner un avis, pour une contribution aux discussions stratégiques globales sur les orientations à prendre en ce qui concerne les droits, les besoins et les spécificités des jeunes et adolescents. En 28 ans d'existence seulement, Alain Patrick Fouda aura laissé des marques indélébiles dans la lutte contre le VIH au Cameroun. Un vaillant soldat qui mérite d'être célébré.