Ouvert le jeudi 16 janvier 2025 au musée national de Yaoundé, le tout première Forum national sur les ressources génétique s' est achevé le vendredi 17 janvier autour d'une signature de convention entre la firme internationale Basecamp Research et le gouvernement de la République du Cameroun, représenté pour la circonstance par le ministère de l'Environnement, de la Protection de la Nature et du Développement durable, agissant à travers quatre communautés locales. Sa Majesté Wifried Yinda, chef traditionnel de Ngompém, arrondissement de Pouma, a représenté les communautés de la Sanaga-Maritime lors de ladite signature de convention. Il apporte d'amples explications sur les termes de ce partenariat qui vient d'être scellé entre les deux parties.
Centrifuge Hebdo : Sa Majesté Wilfried Yinda, vous avez été mandaté par les cinq communautés de la Sanaga-Maritime représentées à ce forum pour être leur porte-parole lors de la signature de convention entre Basecamp et les communautés locales. Qu'est-ce que cette convention va vous apporter concrètement ?
Sa Majesté Wifried Yinda : Face aux défis de développement qui sont les nôtres, les territoires comme ceux de la Sanga-Maritime qui sont ici représentés par cinq communautés doivent faire preuve d'audace et d'ingéniosité et c'est dans cet esprit que nous avons conclu un partenariat gagnant qui offre des perspectives exaltantes et enthousiasmantes. Ce partenariat est situé autour de la préservation de notre biodiversité et de la valorisation des ressources génétiques. L'enjeu pour nous c'est de donner de la valeur à nos ressources qui font partir de notre écosystème et de pouvoir de façon générale remonter la chaîne des valeurs industrielles mondialisées de l'amont vers l'aval pour pouvoir capitaliser le maximum de valeur ajoutée liée à la transformation de ces ressources biologiques de nos écosystèmes. Il s'agit donc d'un partenariat stratégique.
Quand vous parlez « de donner de la valeur », de quoi s'agit-il concrètement ?
Très concrètement, il s'agit à la fois de tisser des partenariats comme celui que nous venons juste de conclure avec Basecamp. Il a deux types d'avantages. Le premier ce sont des avantages non monétaires qui s'appuient sur un renforcement des capacités, qui s'appuient sur la formation. Les projets sociaux font partie de ces avantages non monétaires. Ces avantages non monétaires tournent autour des biens essentiels : l'accès à l'eau, l'accès à l'électricité, l'accès à un logement décent. Le deuxième type d'avantages est constitué des avantages monétaires. N'oublions pas que ces ressource sont les nôtres. Elles sont issues de nos terroirs, de notre biodiversité, de notre écosystème. Donc l'enjeu pour nous c'est de pouvoir concrètement les monétiser en y gagnant une part substantielle et c'est la raison pour laquelle dans le contrat que nous avons signé, nous avons imposé que les revenus tirés de la commercialisation de ces ressources au niveau mondial, soient équitablement partagés entre ces firmes industrielles et nous qui sommes des communautés productives.
Pouvez-vous nous en dire plus sur le processus de protection qui permet de limiter le risque de biopiraterie ?
Nous avons plusieurs moyens. D'abord, le processus APA (Accès et partage des avantages). Le Cameroun a ratifié le protocole de Nagoya qui, certes, s'appuie sur la confiance [Le Protocole de Nagoya est un accord international réglementant l’accès aux ressources génétiques et le partage juste et équitable des avantages découlant de leur utilisation (APA). ndlr] Vous savez que dans tout processus, le risque zéro n'existe pas. Il s'agit de l'encadrer, de le limiter. Dans ce sens, la loi qui a été prise au Cameroun pour encadrer cette activité permet de réduire le risque, notamment parce qu'à l'international, il n'est plus possible d'exploiter les ressources sans en déclarer la provenance, l'origine, en quelque sorte, le label du terroir qui vous a permis de déposer les brevets et les permis. Voilà donc schématisé ce processus.
Avant la signature de la présente convention, comment les choses se passaient-elles ?
On était soumis à la biopiraterie c'est-à-dire, des incursions de façon inopinée, non autorisée dans nos territoires n'étaient pas encadrées. On ne savait pas dans quel cadre intervenaient certaines acteurs. Mais la loi qui a été prise vient encadrer tout cela. C'est de bon augure pour la suite et ça ouvre de bonnes perspectives. C'est ici le lieu pour nous de féliciter les pouvoirs publics qui ont pris l'initiative de concevoir un arsenal législatif pour encadrer tout cela.