Lors d’une conférence tenue le mardi 11 juin 2019 à Yaoundé, le président du Mouvement pour l’émancipation et l’intégration monétaire de l’Afrique (MEIMA) a présenté les raisons qui motivent son combat pour la sortie rapide de la zone CFA.
Faut-il garder ou abandonner le franc CFA ? Voilà la principale question au centre des préoccupations lors de la conférence inaugurale des leaders du MEIMA tenue à Yaoundé sous le thème « Vaincre les fléaux du sous-emploi, de la pauvreté, de l’émigration et des crises sociopolitiques par la monnaie ».
Pour Olivier Bile, homme politique et président du MEIMA, l’urgence de l’abandon se fait sentir, dans la mesure où, dit-il, il n’y a plus de doute sur « le rôle incontournable de la monnaie pour sortir de la pauvreté ».
« Tant que vous n’avez pas une monnaie indépendante, bien gérée, orientée vers la production et non pas vers la satisfaction des besoins qu’on peut considérer comme des besoins de jouissance inutile, vous ne pouvez aller nulle part », a-t-il mis en garde les esprits qui alimentent le doute sur la question. En clair, « la monnaie précède la production » et par conséquent, si l’Afrique n’est pas financièrement indépendante, les questions liées à l’économie et à la pauvreté ne trouveront jamais de solutions.
Pour donner de la hauteur à son combat, Olivier Bile s’est investi dans la constitution de la plateforme MEIMA, qui, à ses dires, est un mouvement « panafricaine et panafricaniste ».
Le MEIMA pense comme la plupart des scientifiques que « l’Afrique se fera par la monnaie ou ne se fera pas ». Le mouvement puisse l’essentiel de son inspiration des idées de Joseph Tchundjang Pouemi, auteur de Monnaie, servitude et liberté (1980).
L’Afrique est aujourd’hui confrontée à une série de crises sociopolitiques, sécuritaires ou socioéconomiques, lesquelles ont tendance à faire oublier ce qui est essentiel : la monnaie. Selon Bile, la monnaie est « le dénominateur commun » de tous les problèmes que vivent les Africains. Le MEIMA s’engage à déconstruire les conceptions erronées, les idées fausses et les mythes absurdes qui peuplent l’imaginaire africain et qui contribuent à faire en sorte que l’Afrique s’éloigne de la monnaie, « l’élément essentiel censé en réalité mettre en mouvements ses capacités productives et ses forces productives ».
Dr. Olivier Bile reconnait tout de même que la marche vers l’indépendance monétaire ne sera pas une mince affaire. Après avoir vaincu la phobie qui hante les chefs d’Etat africains quant à se débarrasser du franc CFA, les experts devront s’assoir pour discuter des questions techniques, car la monnaie ne se met pas en place par un simple jeu de décrets politiques.
La monnaie sera dite indépendante du fait que sa dénomination et ses mécanismes de fonctionnement sont choisis par un pays, ou par un groupe de pays. En dehors de son caractère indépendant, elle pourra aussi être commune, ne serait-ce qu’en Afrique centrale. Le Cameroun notamment devra s’engager dans la coopération multilatérale, afin d’espérer atteindre une monnaie indépendante, voire commune, au bout de plusieurs années de durs labeurs. L’Afrique de l’Ouest a d’ores et déjà pris la porte de sortie de la zone CFA. En Afrique centrale, on n’en est encore à convaincre les esprits réticents. Mais « il ne sera jamais trop tard pour prendre la bonne décision ».