C’est au palais polyvalent des sports de Yaoundé que s’est ouvert ce mardi 27 mai 2025, un forum consacré à l’éducation aux médias et à l'information (EMI), sous le thème : « Réflexion pour une éducation aux médias et à l'information dans les programmes éducatifs ». Cette conférence s’inscrit dans le cadre du programme «Désintox Jeunesse», un projet ambitieux visant à renforcer la résilience des jeunes d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique centrale face à la désinformation, en encourageant des comportements critiques, numériques et citoyens.
Pendant deux jours, cet événement réunit des experts internationaux, des représentants diplomatiques, des organisations de jeunesse, des enseignants, des journalistes, des chercheurs ainsi que des jeunes leaders engagés. Il se veut un espace de coconstruction, de partage de bonnes pratiques, et d’élaboration d’une feuille de route nationale en lien avec les réalités locales.
Dans son discours de circonstance, Hilaire Mputu, directeur régional de l’UNESCO pour l’Afrique Centrale, a souligné la nécessité d’intégrer pleinement l’éducation aux médias dans les systèmes éducatifs : « L’ambition portée par ce forum est claire : faire en sorte que l’éducation aux médias et à l’information soit intégrée totalement dans les programmes éducatifs, pour les jeunes comme pour l’ensemble de la population. Aujourd’hui, nous ne sommes plus uniquement des êtres avec une identité physique ; nous avons aussi une identité numérique. À l’instar de l’éducation à la sécurité routière ou à la santé, il est impératif que les gouvernements offrent aux citoyens les moyens de se protéger contre le désordre numérique. »
Hilaire Mputu a également salué la présence d’experts internationaux venus partager leur expérience sur les défis de l’EMI, les problématiques liées à la consommation numérique, ainsi que les dérives observées sur les réseaux sociaux. Il a exprimé l’espoir que ces échanges aboutissent à une stratégie nationale applicable au Cameroun et bénéfique pour les jeunes.
Jocelyn Grange, directeur Afrique de CFI – Canal France International, a lui aussi insisté sur le caractère mondial du phénomène de désinformation : « La manipulation de l’information est aujourd’hui un enjeu central. Il s’agit d’un problème transfrontalier : des contenus produits en Afrique circulent jusqu’en Europe, et inversement. Nous sommes tous exposés aux mêmes risques, car les réseaux sociaux sont apparus simultanément pour tous. Cela appelle des solutions concertées et collectives. »
CFI s’est joint au projet porté par les partenaires camerounais, en apportant un appui à la construction de réponses adaptées aux réalités locales. « Nos partenaires au Cameroun sont les mieux placés pour comprendre les spécificités du terrain. Notre rôle est de les accompagner. Nous avons aussi engagé d’autres projets, en collaboration notamment avec l’Union européenne, portant sur les manipulations de l’information, les discours de haine, les risques de déstabilisation, les tensions communautaires et les atteintes à la cohésion sociale» a-t-il précisé.
Le forum s’inscrit ainsi dans une dynamique internationale de sensibilisation et de responsabilisation face aux dangers du numérique, tout en plaçant la jeunesse au cœur de la riposte éducative. Les travaux s’achèveront avec la présentation d’une première ébauche de feuille de route nationale pour l’intégration de l’EMI dans les programmes éducatifs du Cameroun.