Issa Tchiroma Bakary, après s’être autoproclamé vainqueur de la présidentielle du 12 octobre 2025, met de plus en plus la pression sur le gouvernement et les autorités du processus électoral. Depuis la soirée du dimanche 19 octobre, il met progressivement en ligne les preuves de sa victoire. Selon ses dires, «ce sont des scans/photos des PV originaux tels qu’ils ont été établis et remis aux représentants [des partis politiques] dans les bureaux de vote». Les liens permettant d’accéder aux PV originaux pour vérification sont disponibles sur Facebook via le compte Tchiroma 2025 (https://www.facebook.com/profile.php?id=61577917224370).
Il entend publier les résultats de 18 départements sur 58, qui représenteraient 80% de l’électorat et où, selon les PV originaux, il aurait obtenu près de 70% des voix. Un écart non rattrapable même si le président sortant obtient des 100% dans les départements restants.
Allocution du dimanche 19 octobre 2025
Dans son allocution du dimanche 19 octobre 2025, le candidat du FSNC pointe du doigt «des manoeuvres honteuses et répétées qui se multiplient pour voler la voix du peuple : bourrage des urnes avec la complicité de certains agents d’Elecam, des 100% attribués à Paul Biya dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest, des PV déchirés ou falsifiés, «des scrutateurs chassés, des PV refusés aux partis, des juges complices qui ferment les yeux», etc.
Pour que le processus électoral se termine dans la paix, il lance plusieurs appels :
- Afin d’éviter que le pays sombre dans des lendemains incertains, il exhorte le président du conseil constitutionnel à «valider la vérité des urnes et donner au Cameroun le changement pacifique qu’il réclame» ;
- Au président sortant, il rappelle qu’il lui reste une seule chance pour «sortir par la grande porte, en homme d’Etat qui respecte la volonté du peuple». «Vous avez toujours déclaré être un mendiant de la paix : quittez le pouvoir avec honneur, avant que le pouvoir ne vous quitte», insiste-t-il ;
- Il exhorte également les pays frontaliers et la communauté internationale à ne pas rester silencieux, mais d’agir «pour que la volonté du peuple camerounais soit respectée».
Aux Camerounais, Tchiroma assure que leurs voix ne seront pas volées : «Je vous le dis avec le cœur et avec force : votre voix ne sera pas volée. Ce n’est pas moi qui ai gagné, c’est vous. Ce n’est pas ma victoire, c’est celle du peuple camerounais.»
Pour finir, il appelle le peuple à rester calme, mais prêt à défendre sa victoire si jamais une lueur de confiscation se pointe à l’horizon.
Accentuer la pression
A côté du discours rebelle et de la publication des PV remis aux partis politiques dans les bureaux de vote, plusieurs autres actes visant à accentuer la pression sur les autorités se multiplient : le FSNC refuse d’aller au conseil constitutionnel dans le cadre du contentieux postélectoral ; Le FSNC claque la porte de la commission de recensement, protestant contre le fait que les PV qu’il a sous les yeux ne correspondent pas à ceux remis aux partis politiques au soir du 12 octobre ; des manifestations fortement réprimées par les forces de l’ordre à Limbe (Sud-Ouest), Dschang (Ouest), Bafoussam (Ouest), Garoua (Nord), Maroua (Extrême-Nord), etc.
«Schizophrénie politique»
Face au séisme provoqué par Issa Tchiroma Baraky, les réactions ne se sont pas fait attendre. Les cadres du RDPC multiplient des sorties pour condamner et appeler à la retenue. Le ministre de l’Enseignement supérieur, Jacques Fame Ndongo, par ailleurs secrétaire à la communication du comité central du RDPC doute que le peuple suive le président autoproclamé, qualifiant les agissement du FSNC de «bouffonnerie et de schizophrénie politique».
Entre temps, l’opinion retient son souffle : qui sera déclaré vainqueur par le conseil constitutionnel ? Rendez-vous le jeudi 23 octobre 2025 à 10h!