Les personnes handicapées du Cameroun interpellent les candidats à l’élection présidentielle d’octobre 2025 sur une série de doléances visant à garantir leur pleine participation à la vie politique, économique et sociale du pays.
C’est au cours d’une conférence de presse tenue ce vendredi à Yaoundé qu’elles ont exprimé ces revendications, plaidant pour des mesures fortes d’inclusion, dans le cadre d’un processus démocratique auquel elles entendent être parties prenantes.
Parmi les principales doléances figurent la création d’un collège électoral spécial pour la représentation des personnes handicapées au parlement, la nomination d’au moins quatre sénateurs handicapés par le chef de l’État, ainsi que l’instauration d’un quota d’au moins une personne handicapée sur les premières positions des listes aux scrutins locaux. À cela s’ajoutent la présence d’un élu handicapé dans chaque conseil régional et l’exonération des cautionnements pour les candidats handicapés.
Sur le plan socioéconomique, les personnes handicapées réclament une plus grande ouverture de la fonction publique par la réservation de 10 % des recrutements aux personnes en situation de handicap, ainsi que la nomination de personnes handicapées méritantes à des postes de responsabilité.
La conférence a également été l’occasion d’insister sur le droit à une éducation inclusive effective (gratuité de la scolarité jusqu’à l’université, facilités d’accès aux filières professionnalisantes) ainsi que sur la création d’un fonds national de solidarité pour l’insertion économique et sociale des personnes handicapées.
Ces requêtes s’inscrivent dans le respect des engagements internationaux et nationaux du Cameroun, notamment la Déclaration universelle des droits de l’homme, le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, la Convention des Nations unies relative aux droits des personnes handicapées, le Protocole à la Charte africaine sur les droits des personnes handicapées, ainsi que la Constitution camerounaise et la loi N°2010/002 sur la promotion et la protection des personnes handicapées.
Malgré ces textes fondamentaux, le poids politique des personnes handicapées reste quasi inexistant dans les instances de décision : aucun député, seulement une sénatrice nommée, une poignée de conseillers municipaux, alors que les personnes handicapées représentent 15 % de la population nationale. Cela constitue, selon Jean-Pierre Fopa, président de la Taskforce, une perte considérable de richesse humaine et économique.
En prélude aux élections d’octobre 2025, la communauté des personnes handicapées du Cameroun lance donc un appel fort aux candidats à la présidentielle, afin que ces questions soient intégrées aux programmes politiques. « Nous voulons être acteurs à part entière du développement et de la gouvernance, dans une démarche d’inclusion réelle et durable », ont-elles conclu.