Coco Bertin, directeur général du CJARC | Photo d'archives
Coco Bertin, directeur général du CJARC | Photo d'archives

Les personnes déficientes visuelles ont désormais un meilleur accès à leurs droits. Le Club des jeunes aveugles réhabilités du Cameroun (CJARC) a procédé le mardi 8 juillet 2025 à Yaoundé, à la distribution de textes juridiques en braille, à l’issue d’un atelier de vulgarisation organisé dans son centre multimédia inclusif.

Dans une salle empreinte d’émotion, le témoignage de Janvier Alfred Ngalle, avocat malvoyant au barreau du Cameroun, a profondément touché l’assistance. Victime de cécité depuis l’enfance à la suite d’un accident, il a surmonté les stigmates, les moqueries et les obstacles sociaux pour s’imposer dans un monde encore peu inclusif. Aujourd’hui, Maître Ngalle est reconnu pour sa rigueur intellectuelle,sa connaissance pointure des textes et sa force d'argumentation. Perspicace et redoutable en audience, il a gagné un bon nombre des procès parfois face à l'administration qu'il n'hésite pas à interpeller avec fermeté et justesse. Son histoire partagée lors lors de l'atelier du CJARC est à la fois inspirante et la preuve vivante que les personnes handicapées ont toute leur place dans le hautes sphères professionnelles, pour peu qu'on leur donne leur chance, à commencer par l'accès à l'éducation, l'accès à la loi... Aujourd'hui, Me Ngallè force le respect de ses pairs et l’admiration de tous.

Des textes ignorés, pourtant essentiels

« Il nous a été donné de constater que les personnes handicapées ignorent encore souvent les textes nationaux et internationaux qui les protègent », a déploré Coco Bertin, directeur général du CJARC. Face à ce constat, son organisation entend rapprocher la loi des principaux concernés.

Parmi les textes distribués en version braille figurent la loi n° 2010/002 du 13 avril 2010 relative à la protection des personnes handicapées, ainsi que la convention des Nations unies relative à leurs droits, ratifiée par le Cameroun en 2021. Deux piliers légaux qui garantissent des droits fondamentaux comme l’accès à l’éducation, à la santé, à l’emploi et à l’environnement bâti.

Entre engagement étatique et réalité sur le terrain

Présente à l’atelier, Awa Fru Emmaculate, cadre au ministère des Affaires sociales, a rappelé les avancées juridiques en matière de reconnaissance des droits des personnes handicapées. « La loi reconnaît à chaque personne en situation de handicap le droit à une vie digne et autonome », a-t-elle résumé.

Mais au-delà des textes, c’est leur application qui reste déterminante. Selon Henri Géraldin Mboh Ndi, représentant du ministère de l’Éducation de base, « 720 établissements ont été transformés en écoles publiques inclusives à travers le pays ». Une politique qui vise à offrir à au moins 25 % des enfants handicapés un accès équitable à l’éducation.

Un pas vers l’autonomisation

En remettant ces textes juridiques en braille aux associations présentes, le CJARC pose un acte fort en faveur de l’autonomisation juridique des non-voyants. Pour beaucoup, il ne s’agit pas seulement d’un geste symbolique, mais d’un levier concret pour mieux comprendre, revendiquer et faire respecter leurs droits.

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