L’affaire Njomi Tchakounté était loin d’être classée de sitôt ! L’enseignant de mathématiques, poignardé à mort en plein cours par Brice Bissé Ngosso, son élève de la classe de 4e (le 14 janvier 2020 au Lycée de Nkolbisson, Yaoundé) pour une histoire de téléphone portable utilisé au mépris de la réglementation, a été inhumé à Bazou (région de l’Ouest, département du Ndé) le samedi 1er février 2020. Une cérémonie d’adieu très courue par les enseignants, la communauté éducative, la famille du défunt, ainsi que par les amis et autres sympathisants.
Un jour avant la mise en terre du soldat de la craie, la mise en bière, boycottée par le ministère des Enseignements secondaires sous prétexte que l’enseignant n’exerçait pas dans son lieu d’affectation au moment du drame, les collègues de Yaoundé notamment ont « affronté avec un courage et une détermination exceptionnels les brutalités des forces de répression » [dixit les syndicats]. On se souvient que les forces de maintien de l’ordre sont sorties en masse, usant sans retenue de leurs canons à eau, du gaz lacrymogène et autres outils de dissuasion.
Depuis le 02 février 2020, les syndicats du secteur de l’éducation ont publié un communiqué qui dénonce « sans réserve l’absence du ministère des Enseignements secondaires à la levée de corps et le refus de rendre un hommage académique mérité à son employé assassiné dans l’exercice de sa profession ». Ledit communiqué exige aussi que « Njomi Tchakounté Kévin Boris soit d’office nommé ‘Chevalier des palmes académiques’ pour la cuvée de 2020 ».
Les syndicalistes vont plus loin pour exiger dans les plus brefs délais la tenue d’un dialogue national sur la violence en milieu scolaire et d’un forum sur l’éducation. En cas de tergiversation des autorités gouvernementales, les syndicats d’enseignants du Cameroun disent se réserver le droit « d’appeler les enseignants à défendre leurs intérêts et ceux de l’éducation par les moyens que leur donne la loi ».