2018-12-21 | 22:45:14
Intégralité du propos liminaire du ministre de la Communication lors du point de presse du 20 décembre 2018.
DYNAMIQUE DE DIALOGUE ET D’APAISEMENT MISE EN ŒUVRE PAR LE CHEF DE L’ÉTAT DANS LE CADRE DE LA RÉSOLUTION DE LA CRISE SÉCURITAIRE DANS LES RÉGIONS DU NORD-OUEST ET DU SUD-OUEST.
Mesdames, Messieurs les Journalistes,
Comme vous le savez déjà, le Chef de l’État, Son Excellence Paul BIYA a, en date du 14 décembre 2018, ordonné l’arrêt des poursuites contre 289 personnes poursuivies devant les tribunaux militaires et détenues de ce fait pour des délits commis dans le cadre de la crise sécuritaire dans les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest.
Cette décision, du reste conforme aux prérogatives du Chef de l’État, a été immédiatement suivie d’effet, et à ce jour toutes les personnes concernées par cette importante mesure de clémence ont recouvré leur liberté.
La décision prise par le Chef de l’État intervenait à la suite du décret présidentiel n°2018/719 du 30 novembre 2018 portant création du Comité National de Désarmement, de Démobilisation et de Réintégration – le CNDDR – destiné à permettre à ceux de nos jeunes compatriotes impliqués dans les violences armées contre les Forces de Défense et de Sécurité et les populations civiles de ces deux régions, à retrouver le droit chemin, de manière à se réinsérer dans l’ordre normal de notre société.
Ces deux dernières mesures constituent en fait les plus récentes, dans l’option d’apaisement et de dialogue prise par le Président de la République, pour la gestion de la situation qui prévaut depuis un peu plus de deux ans dans les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest.
En effet, dès l’expression des premières revendications jusque-là exprimées certaines organisations et groupes corporatistes d’expression anglaise au cours de l’année 2016, le Chef de l’État avait entrepris d’ouvrir un dialogue avec les différentes parties prenantes auxdites revendications.
C’est ainsi que le Premier Ministre, Chef du Gouvernement, avait été instruit par le Président de la République, de mettre en place des cadres de dialogue intégré avec les différentes parties prenantes, à savoir, des syndicats d’Enseignants et un groupement d’Avocats au Barreau du Cameroun.
En ce qui concerne les problèmes soulevés par les Enseignants, deux comités avaient alors été mis en place.
Pour ce qui est des questions soulevées par les Avocats, un autre comité a été créé par le Premier Ministre, Chef du Gouvernement.
Au terme des pourparlers menés avec les syndicats des enseignants, le Président de la République a depuis lors apporté les réponses suivantes aux revendications exprimées :
- recrutement spécial pour les matières scientifiques de 1000 jeunes enseignants bilingues ;
- mise en place d’un fonds spécial d’un montant de deux milliards de francs CFA, pour servir de subvention en faveur des établissements d’enseignements privés laïcs et confessionnels ;
- création du comité ad hoc dédié spécifiquement aux problèmes des syndicats d’expression anglaise ;
- redéploiement des enseignants des deux sous-systèmes éducatifs selon leurs compétences linguistiques ;
- création et organisation de l’école normale supérieure polytechnique au sein de l’Université de Bamenda ;
- création de nouveaux établissements dans les Universités d’État, notamment les départements de English Law à Maroua, Ngaoundéré, Douala, Dschang et des départements de French Private Law au sein des Universités de Buea, Bamenda, ainsi qu’un département de lettres modernes françaises à l’École normale supérieure de l’Université de Bamenda ;
- réorganisation de l’ENAM par décret présidentiel pour y introduire la pratique obligatoire du bilinguisme.
S’agissant des revendications portées par les Avocats, le Chef de l’État a ordonné les mesures suivantes :
- la publication de la version anglaise du traité de l’OHADA et des autres textes de l’OHADA ;
- le renforcement des effectifs des magistrats et d’enseignants d’expression anglaise ;
- le redéploiement du personnel judiciaire en fonction des particularités entre le Civil Law et le Common Law ;
- la création d’une Division spéciale du Common Law au sein de la Cour Suprême, pour connaître des recours provenant des juridictions implantées dans les Régions du Nord-ouest et du Sud-ouest ;
- la création d’une Division du Common Law à l’ENAM;
- la création d’une Faculté des sciences juridiques et politiques à l’Université de Buea ;
- le recrutement d’un plus grand nombre d’enseignants d’expression anglaise à la division de la magistrature et des greffes de l’ENAM.
À côté de ces mesures destinées à apporter des réponses aux revendications spécifiques des Enseignants et des Avocats, le Président de la République a pris d’autres initiatives plus globales, allant dans le sens du dialogue et du retour au calme dans les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest.
Il en est ainsi :
- de la création de la Commission Nationale de Promotion du Bilinguisme et du Multiculturalisme (CNPBM), et de la nomination des membres de la CNPBM ;
- de l’arrêt des poursuites alors pendantes devant le tribunal militaire de Yaoundé, contre les nommés NKONGO Félix AGBOR, FONTEM AFORTEKA’A NEBA, Paul AYAH ABINE et d’autres personnes interpellés dans le cadre des violences survenues dans les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest ;
- du lancement du plan d’assistance humanitaire d’urgence d’un montant de plus de 12 milliards de 716 millions 500 FCFA destiné à rétablir un cadre de vie propice à l’épanouissement et au développement des communautés affectées par les violences terroriste dans les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest, d’apporter une assistance humanitaire d’urgence aux populations en détresse, d’assurer la réinsertion socio-économique des personnes et des communautés victimes des violences et forcées au déplacement, de réhabiliter des infrastructures détruites du fait de ces violences, et d’une manière générale de promouvoir la cohésion sociale et le vivre ensemble ;
- de la mise en place du centre de coordination de l’assistance humanitaire dans les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest ;
- À ce plan d’urgence humanitaire, s’est ajouté un extraordinaire élan de solidarité spontanée de la Nation tout entière, qui s’est manifesté par des dons financiers d’une valeur de 3 milliards et demi de FCFA ;
- Un tel élan indique à quel point les 25 millions de camerounais que nous sommes, sont aujourd’hui solidaires des souffrances et des atrocités que leurs compatriotes subissent dans ces régions.
- Les Forces de Défense et de Sécurité ont par ailleurs mené des actions civilo-militaires au bénéfice des populations affectées à travers notamment la construction des points d’eau, l’administration des soins de santé de base, la fourniture des matériels scolaires et la distribution de denrée alimentaires.
Au plan politique, le Président de la République, prenant en compte la nécessité d’assurer une meilleure implication des populations locales dans la gestion des affaires les concernant, a décidé d’accélérer le processus de décentralisation inscrit dans la Constitution.
C’est ainsi qu’à la faveur du réaménagement du Gouvernement du 2 mars 2018, un département ministériel a été créé à cet effet, sous la dénomination de Ministère de la Décentralisation et du Développement Local.
La loi n°2018/022 du 11 décembre 2018 portant loi des finances du Cameroun pour l’exercice 2019 est venue donner corps à cette dynamique, en allouant un budget de plus de 45 milliards de francs CFA à ce département ministériel ; l’objectif impérieux étant d’accroître les compétences des collectivités territoriales décentralisées, d’élargir le spectre de leurs moyens financiers et de résoudre les problèmes des populations à la base, en particulier dans les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest.
Mesdames, Messieurs les Journalistes,
Il est donc loisible de constater l’étendu de l’engagement du Chef de l’État, Son Excellence Paul BIYA dans cette option d’apaisement et de dialogue qui l’a toujours caractérisé, notamment, chaque fois qu’il s’est agi de la gestion des situations de crise à l’intérieur comme à l’extérieur de notre pays.
Plus qu’une simple option, il s’agit pour le Président de la République d’une véritable idéologie, au cœur de laquelle la concertation, la tolérance et le pardon occupent une place centrale.
S’agissant en particulier de la situation qui prévaut dans les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest, le Chef de l’État reste convaincu de ce que les vertus de cette idéologie sont à même de, je le cite : « Régler nombre de problèmes qui sont à l’origine des frustrations et des insatisfactions qui se sont manifestées ces derniers temps. Nous espérons que cela permettra de rétablir le calme indispensable au retour à des activités économiques et sociales normales. J’ai l’intime conviction que l’écrasante majorité de nos compatriotes des deux régions concernées aspirent à retrouver rapidement la paix au sein de la communauté nationale », fin de citation.
Quant à ceux de nos jeunes compatriotes qui à un moment donné auraient pu se laisser berner par les chimères de certains vendeurs d’illusions, et qui de ce fait ont cédé aux tentations de la barbarie et de la violence aveugles, il est plus que jamais temps de saisir la main-tendue du Président de la République lors de son discours d’investiture à l’Assemblée Nationale le 6 novembre 2018, je le cite : « Je leur lance un appel à déposer les armes et à retrouver le droit chemin. J’en appelle tout particulièrement aux jeunes qui se sont laissé entraîner dans une aventure sans lendemain.
Il ne fait l’ombre d’aucun doute que le destin de nos compatriotes du Nord-Ouest et du Sud-Ouest s’inscrit dans le cadre de notre République. Fort du soutien du peuple camerounais tout entier et persuadé qu’il existe une issue honorable, dans l’intérêt de tous, je ferai en sorte que le calme et la sérénité reviennent dans les deux régions concernées, dans le respect des institutions dont je suis le garant », fin de citation.
La mise en place du Comité de Désarmement, de Démobilisation et de Réinsertion créé le 30 novembre 2018 vise à donner corps à cette main-tendue du Chef de l’État, qui ouvre non seulement la voie au processus de résolution des crises qui affectent certaines régions de notre pays, en particulier celles du Nord-ouest et du Sud-ouest, mais également à poser les bases d’une réconciliation et d’une reconstruction post-conflit.
Il s’agit alors, à travers cette ouverture offerte par le Chef de l’État, de permettre à quelques-uns de nos compatriotes qui se sont égarés, de retrouver leur place au sein de la communauté nationale.
Faut-il le rappeler, le Gouvernement de la République du Cameroun et au-dessus de lui le Président de la République ont toujours reçu le soutien de la communauté internationale, tant au plan bilatéral que multilatéral pour les options prises dans la détermination à préserver l’intégrité territoriale du Cameroun et à respecter les acquis de fondamentaux légués par nos pères fondateurs.
Au plan multilatéral et pour ne citer que ces cas, l’Organisation des Nations Unies sous les auspices de laquelle la France et la Grande Bretagne organisèrent le plébiscite de 1961 ayant consacré la Réunification des deux parties du Cameroun a opposé une fin de non-recevoir à cette mouvance sécessionniste.
Ensuite, l’Union Africaine à laquelle les sécessionnistes se sont adressés pour avoir gain de cause les a renvoyés à leurs lubies, leur demandant de transformer leur mouvement en un parti politique, tout en leur rappelant le principe de l’intangibilité des frontières héritées de la colonisation.
Au plan bilatéral, la décision prise le 5 novembre 2018 par la Haute Cour de Justice de Queen’s Bench Division en Grande Bretagne, sur le plébiscite de 1961 ayant consacré le rattachement du Southern Cameroon à la République du Cameroun, et qui le 1er octobre 1961 culminera avec la Réunification de notre pays, a une fois de plus débouté les sécessionnistes de leur acharnement à remettre en cause la réalité historique du Cameroun.
Face à une telle unanimité et de la nation camerounaise et de la communauté internationale sur l’irrecevabilité du dessein inique entretenu par les leaders sécessionnistes, on peut à juste titre s’interroger sur un tel obscurantisme et une telle cupidité qui, sans aucun recul de conscience de leur part, plongent nos populations dans la désolation et la souffrance extrêmes.
Le moment est donc venu de mettre un terme à cet épisode d’égarement, pour retrouver ce qui n’aurait jamais dû cesser de nous fédérer autour des valeurs fondamentales de notre cher et beau pays à savoir, la paix, l’unité, la tolérance, la solidarité et le désir de vivre ensemble.
À nos Forces de Défense et de Sécurité qui continuent d’affronter les poches de résistances des sécessionnistes armés, la Nation tout entière adresse sa reconnaissance et ses encouragements.
Je vous remercie de votre aimable attention.
ISSA TCHIROMA BAKARY
MINISTRE DE LA COMMUNICATION