2019-01-10 | 07:35:45
Par Eric Boniface Tchouakeu, chef de chaîne RTS.
Le 04 janvier 2019, de nombreux Camerounais ont été agréablement pour certains et désagréablement pour d’autres, surpris d’apprendre la nomination de l’avocat Jean De Dieu Momo comme ministre dans le premier gouvernement du nouveau septennat dit « des grandes opportunités » de Paul Biya.
Ce n’est pas tant le portefeuille, car il n’est que ministre délégué auprès du ministre d’Etat, inistre de la Justice, Garde des Sceaux, Laurent Esso, sans attribution d’un domaine spécifique de compétence qui fait depuis couler beaucoup d’encre et de salive dans l’opinion, mais simplement le nouveau statut de membre du gouvernement de Me Jean De Dieu Momo.
Il n’est pas inutile de préciser que dans une société au sein de laquelle on aime les titres, le statut de ministre est d’une grande importance au-delà du protocole et des privilèges.
En 2010, Me Momo a crée le Parti des Patriotes pour le Développement du Cameroun (PADDEC) et a été candidat malheureux à l’élection présidentielle de 2011 où il a obtenu moins de 01% des voix, très loin derrière Paul Biya, le vainqueur.
Lors des élections municipales du 30 septembre 2013, Me Jean De Dieu Momo a été élu en compagnie d’un autre cadre de son parti, conseiller municipal dans la commune de Douala V qui compte 61 postes de conseillers.
Lui et sa formation politique étaient alors engagés dans l’opposition à l’actuel pouvoir jusqu’à l’approche de l’élection présidentielle de 2018.
Me Jean De Dieu Momo a alors effectué un revirement spectaculaire en apportant son soutien à la candidature de Paul Biya dans le cadre du G-20, nom d’un groupe circonstanciel de 20 leaders de partis politiques qui ont appelé à voter pour le président sortant à l’élection présidentielle du 07 octobre.
Depuis lors, Me Jean De Dieu Momo, qui a été l’avocat des familles dans l’affaire dite des « 09 disparus » de Bépanda, un quartier de la ville de Douala, faisait l’objet des attaques acerbes et des insultes de la part de nombreuses personnes qui l’ont connu dans l’opposition.
Les explications de son choix n’ont pas convaincu ses détracteurs qui le prennent pour certains pour un corrompu. Par ailleurs dans le camp de la majorité, les fidèles de toujours le considèrent comme un soutien de la 25ème heure sans véritable épaisseur politique encore moins électorale.
C’est dans ce contexte que Me Jean De Dieu Momo a été porté au poste de ministre délégué à la Justice. La politique étant essentiellement dynamique, il faut noter comme il le déclare lui-même, que Me Momo a su faire preuve de « Realpolitik ».
Dans sa stratégie et surtout le timing, il a été bien plus efficace que les autres soutiens de longue date du président de la République toujours en attente d’un strapontin ministériel.
Au sein du G-20, il a également su se mettre en avant sans peur de prendre des coups. Décidément comme l’a écrit Jean Paul Sartre dans « Les mains sales » : en politique, tous les moyens sont bons à condition d’être efficaces.
Eric Boniface Tchouakeu
RTS - Radio Tiemeni Siantou, 90.5 FM, Yaoundé.