2018-12-24 | 09:27:52
L’éditorial politique du chef de chaîne de la Radio Tiémeni Siantou (RTS) diffusé ce lundi matin.
Les députés du Social Democratic Front (SDF), deuxième force politique à l’Assemblée Nationale, ont adressé le 19 décembre 2018 au président de l’institution, Cavaye Yeguié Djibril, une proposition de résolution portant constitution d’une commission d’enquête parlementaire à la suite du retrait de l’organisation de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) de football 2019 au Cameroun.
Pour les députés du SDF, la commission d’enquête aura pour rôle d’« établir les responsabilités et tirer les conséquences qui s’imposent».
Depuis en effet, l’annonce le 30 novembre 2018 par la Confédération Africaine de Football du retrait de l’organisation de la CAN 2019 au Cameroun, de nombreuses informations non confirmées et non démenties jusqu’à présent par les autorités, circulent particulièrement sur les réseaux sociaux et font état de nombreuses surfacturations et autres blocages administratifs liées à la réalisation des chantiers de cet événement.
Il est donc à priori normal qu’une institution comme l’Assemblée Nationale cherche à travers son propre mécanisme à connaître la vérité, toute la vérité.
Seulement, même si la loi fondamentale prévoit cette éventualité, la pratique parlementaire camerounaise ne s’est pas encore accommodée de la constitution des commissions d’enquêtes parlementaires pour faire la lumière sur des sujets d’intérêt majeur lorsque les circonstances l’exigent.
Les parlementaires se contentent souvent uniquement des questions écrites et, ou orales aux membres du gouvernement pour s’informer dans leur mission constitutionnelle de contrôle de l’action gouvernementale.
Au regard des rapports de force politique, l’écrasante majorité des parlementaires par ailleurs favorables au gouvernement, contrairement à ce qui se passe dans des grandes démocraties, affirment généralement que l’ouverture des enquêtes administratives ou judiciaires par l’exécutif ou la justice sur les mêmes questions, quand c’est le cas, suffit.
Les députés du SDF le savent bien. A la vérité, ces élus tentent dans leur dernière action politique qui repose sur un sujet très populaire en ce moment dans le pays, de redorer le blason du parti dans l’optique de la reconquête des militants et sympathisants au lendemain de la pire défaite subie par un porte-étendard du SDF à une élection présidentielle au Cameroun.
Joshua Osih, lui-même député, n’est arrivé qu’en 4ème position lors du scrutin du 07 octobre 2018 avec moins de 04% de suffrages.
Il convient de souligner que les parlementaires du SDF ne sont pas à leur première demande de la constitution d’une commission d’enquête parlementaire afin de faire la lumière sur un sujet donné depuis leur entrée au parlement après les élections législatives de 1997.
Une telle démarche n’a jamais prospéré. Il est donc illusoire de croire que ce parti aura plus de chance cette fois ci.
Eric Boniface Tchouakeu
Chef de chaîne RTS, 90.5 FM