Manaouda Malachie était face à la presse nationale et internationale le jeudi 11 juillet 2024 à la salle de conférence de son département ministériel. Le patron du ministère de la Santé publique a tenu à faire une déclaration à la presse pour marquer le clôture des activités de commémoration de la 37ème édition de la Journée mondiale contre la drogue. Une déclaration qui révèle des chiffres alarmants sur la consommation et le trafic illicite des drogues au Cameroun.
Manaouda Malachie va convoquer les données de 2023 du Comité national de lutte contre la drogue (CNLD) pour démontrer que le nombre de patients demandeurs de soins dans les CSAPA (Centres de soins d'accompagnement et de prévention en addictologie), des trois régions en crise du pays est en nette augmentation. Il s'agit de l'Extrême-Nord, du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. On est passé de 10,16 % en 2017 à 22,21 % en 2019. Depuis 2021, « les patients de consommation des substances psychoactives, demandeurs de traitement, représentent à eux seuls près de 43 % de nouveaux cas recensés », indique le MINSANTE. Il paraît donc évident que le facteur de crise sécuritaire et sanitaire est une cause d'aggravation du trafic et de l'addiction aux drogues .
L'Office des Nations unies contre la drogue et le crime estime que l'Afrique doit renforcer les politiques en matière de drogue si elle veut atteindre les cibles des objectifs de développement durable.
Pour le ministre de la Santé publique, l'approche la plus efficiente dans cette logique, doit être fondée sur la concertation de tous les acteurs : gouvernement, société civile et partenaires techniques et financiers. Cette approche doit selon ce dernier, être basée sur les évidences scientifiques, sur le contexte économique et sociale du pays et sur les fondements culturels et anthopologiques de la société camerounaise afin de mettre en œuvre les actions prioritaires liées à la fois à la prévention et au traitement des additions.
Addiction aux drogues : plus de mille nouveaux cas enregistrés
Les données collectées dans les centres de soins, d'accompagnement et de prévention en addictologie révèlent que parmi les 2057 patients reçus au cours de l'année 2023, 1125 sont nouveaux.
Les mêmes données renseignement que la substance la plus consommée est Le cannabis avec 689 cas, suivie de l'alcool et du tabac avec respectivement 378 cas et 366 cas. Le reste est réparti entre : la cocaïne, 219 cas; le tramadol, 260 cas ; les amphétamines, 24 cas ; et les autres drogues, 135 cas. « On note plusieurs cas de polyconsommation », précise, le ministre.
Le terrorisme et le trafic illicite, combinés avec la consommation abusive des drogues, pèsent sur la société et représentent un fardeau assez lourd sur les plans socioéconomique et éducatif, surtout avec « la charge que doivent désormais supporter les parents proches des personnes en proie à l'usage des drogues ». L'impact de la drogue est vaste et complexe. « C'est une menace globale qui mérite une réponse globale ».
Les rapports de prise en charge font émerger une nouvelle constante, celle des complications psychosomatiques, psychiatriques et sociales. Les plus courantes sont le syndrome amotivationnel, les troubles cognitifs, les troubles de sommeil et le syndrome de sevrage. L'analyse de données présente la tranche d'âge 19-32 ans comme la plus exposée.