Lutte contre le VIH : 75 % d’enfants privés de traitement en Afrique de l’Ouest et du Centre ©UNAIDS
Lutte contre le VIH : 75 % d’enfants privés de traitement en Afrique de l’Ouest et du Centre ©UNAIDS

Le 14 juin 2024, au cours d'une conférence qui se déroulait sur la plateforme du Réseau des médias africains pour la promotion de la santé et de l'environnement (REMAPSEN), deux experts se sont longuement exprimés sur la question de l’élimination de la transmission mère-enfant du VIH : Fodé Simaga, directeur de la science, des services et des systèmes pour tous au siège de l'ONUSIDA à Genève, et Eric Verschueren, directeur pays ONUSIDA au Bénin et au Togo. 

C'est un état des lieux quelque peu catastrophique que Fodé Simaga a présenté à la presse : « Si vous prenez l'ensemble des femmes enceintes dans le monde qui ne sont pas sous traitement, malheureusement, une sur deux sont en Afrique de l'Ouest. Ce qui fait avoir  plus d'enfants infectés.» La couverture ARV chez les enfants est de 52 % dans le monde, 37 % globalement en Afrique et 27 % en Afrique de l'Ouest et du Centre, c'est-à-dire que seulement un enfant sur quatre est sous ARV. Il y a environ 40 % de nouvelles infections chez les enfants, soit 51.000 sur 130.000 au total. Sur 41 % de toutes les infections chez les enfants dans le monde, 51 % sont en Afrique de l'Ouest et du Centre.

Les défis majeurs de lÉlimination de la transmission mère-enfant (ETME)

Plusieurs raisons expliquent pourquoi l’ETME ne marche pas. Fodé Simaga explique que pour tester et traiter les femmes enceintes, il faut tout d'abord les trouver. Une tâche ardue dans la mesure où en Afrique, malheureusement, elle ne vont pas toujours se faire consulter dans les centres de santé. Une solution serait que la société civile soit appuyée pour pouvoir aller faire du porte-à-porte et leur proposer le test ou les convaincre à adopter l'autotest.

Les conférenciers vont insister sur le fait qu'il existe des traitements efficaces, bien tolérés et moins chers. Ils vont également insister sur l' organisation des campagnes de sensibilisation adaptées à l'heure pour informer les femmes. 

La sonnette d'alarme est donc tirée dans la région Afrique de l'Ouest et du Centre pour améliorer les données. C'est d'ailleurs dans ce contexte qu’une alliance pour mettre fin au sida pédiatrique a été créée en 2023, un engagement fort regroupant 12 pays africains. Au cours de sa présentation Éric Verschueren va insister sur les piliers de cette alliance porteuse de beaucoup d'espoir.

Mettre fin au sida chez les enfants

Éric Verschueren souligne les piliers proposés par l'alliance mondiale pour mettre fin au sida chez les enfants.

Le premier pilier consiste à dépister très tôt le VIH et à offrir un traitement assez complet et de qualité. Pour ce faire, Éric Verschueren explique la nécessité de sortir du milieu médical pour aller chercher les personnes concernées dans les communautés, ceci avec l'aide des associations. Dans certains cas cependant, le dépistage peut s’effectuer au niveau des hôpitaux et des services de vaccination.  

Le deuxième pilier, c'est comment combler le gap entre la situation idéale qui est de 95 % de femmes testées et traitées, par rapport à la situation de pratiquement 50 % dans la région. Le traitement ici n’est pas censé s’arrêter au niveau du VIH seul, mais il s’étend aux « maladies que les gens connaissent et qui font moins peurs », par exemple la syphilis et l’hématite B.

Le troisième pilier consiste à développer des pistes pour prévenir les nouvelles infections  chez les adolescents et les femmes enceintes. Le développement de nouvelles approches implique nécessairement de passer par le dépistage du partenaire, car amener les hommes à se faire dépister pourra sans doute augmenter la couverture des femmes.

Le quatrième pilier, c'est tout ce qui est droit et égalité des sexes. L'ONUSIDA encourage le suivi par les communautés pour essayer d'avoir plus de données sur comment les gens sont reçus dans les centres de santé, comment ils sont traités, comment on évite qu'ils soient stigmatisés. En plus, les femmes et filles adolescentes sont désormais impliquées dans toute prise de décision et dans toute réflexion autour de la PTME (prévention de la transmission du VIH de la mère enceinte à son enfant).

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