Comme exigé par la « main invisible » des urnes, Donald Trump a pris ses fonctions de 47e président des États-Unis le 20 janvier 2025. Un retour qui se veut tout de même triomphal, quand on se souvient que sa course au terme du premier mandat (2017-2021) avait été douloureusement interrompue du fait de l’imposante irruption d’un trouble-fête nommé Joe Biden. Mais ça c’est de l’histoire. Les électeurs ont penché majoritairement pour le Parti républicain, laissant ainsi les mains libres à Trump pour mettre en œuvre un slogan politique qui semble avoir le vent en poupe au pays de l’Oncle Sam, du moins, pour ceux qui y croient : America First, c’est-à-dire l’Amérique d’abord.
Donald Trump ne s’en cache pas. La course à la grandeur des États-Unis est relancée, et cette fois-ci, avec une amplification et des saccades qui résonnent jusqu’aux oreilles des contrées les plus reculées de la planète terre. Ses ambitions prévoient notamment de conquérir le Groenland - appartenant officiellement au Danemark - et le canal de Panama, de faire du Canada le 51e États des États-Unis et de renommer le golfe du Mexique en golfe de l’Amérique. Sur le plan économique, les produits mexicains, canadiens et autres seront surtaxés. L’immigration aussi sera attaquée, avec la suppression du droit du sol et le droit d’asile. Et ce n’est pas tout. D’autres mesures sont en préparation, aussi retentissantes qu’assourdissantes. Les décrets et les annonces se multiplient, en moins de 48 heures de la présidence Trump : claquer le porte des accords de Paris sur le climat, ainsi que celle de l’Organisation mondiale de la santé (OMS)...
Menace contre la paix mondiale
La plupart des observateurs sont convaincus que cette course de Trump et de son pays à la grandeur ne sera pas sans conséquence grave sur les relations internationales et la paix mondiale. Les voix s’élèvent déjà de toutes parts pour dénoncer une politique américaine qui va à l’encontre des attentes et des normes préétablies. Une dénonciation teintée de grandes inquiétudes et favorisée par des comportements aussi surprenants que ceux d’Elon Musk, un des partenaires stratégiques de Trump, à qui on reproche d’avoir fait usage d’un salut nazi et d’étaler au grand jour des déclarations visant à encourager le mouvement d’extrême droite en Europe. Cette mise de la puissance économique et financière au service d’une idéologie politique controversée est vivement critiquée par l’Union européenne. Car dans une telle lancée, le monde est bien parti pour se retrouver dans une situation de repli identitaire généralisé, avec la course aux armements qui va s’amplifier et au final, les conflits qui vont se multiplier.
De nos jours, les armes de destruction massive sont si sophistiquées que la planète toute entière pourrait être réduite en cendres en un laps de temps. Et les premières victimes, ce sont les pays qui sont déjà en guerre comme l’Ukraine. Kiev, tout en recherchant la proximité de la nouvelle administration américaine, s’interroge encore sur les véritables intentions de Trump et plaide pour l’unité de l’Europe. Une Europe unie et prête à braver la super puissance russe serait plus rassurante pour Zelensky qu’une belle promesse de Trump dont la personnalité est parfois teintée de risque de versatilité. Et sait-on jamais, cette invincibilité tant vantée des États-Unis pourrait ne pas demeurer éternelle. Si jusqu’à ce jour l’Amérique n’a pas pu trouver une solution définitive à une Californie perpétuellement en proie à la puissance des feux des incendies naturelles, est-ce aux feux des armes nucléaires qu’elle pourrait se protéger ? Même si la réponse à cette question est affirmative, il n’en reste pas moins que l'apogée dans le cycle hégémonique relatif à l’histoire de l’humanité n’a pratiquement jamais dépassé 100 ans. Et parfois, une simple petite étincelle peut devenir une occasion de chute définitive pour un géant. C’est bien beau de courir après la grandeur, mais est-on toujours sûr de ne pas en ressortir amoindri ?