Vindoulou, un quartier périphérique de Pointe-Noire au Congo-Brazzaville (République du Congo) ©Amnesty International
Vindoulou, un quartier périphérique de Pointe-Noire au Congo-Brazzaville (République du Congo) ©Amnesty International

Amnesty International annonce que la lutte pour un environnement sûr va continuer au Congo-Brazzaville (République du Congo), malgré la suspension de Metssa Congo du fait de ses activités néfastes à la santé et à l’environnement. Le message qui est signé de la directrice de campagnes de l’ONG, Habibatou Gologo, circule depuis le 18 juillet 2024 et est amplement médiatisé.

Situé à 50 mètres d’une école à Vindoulou, un quartier périphérique de Pointe-Noire au Congo-Brazzaville (République du Congo), une usine de Metsa Congo (une filiale du groupe indien Metssa) produit des fumées issues du « recyclage de batteries usagées et de produits industriels contenant du plomb et de aluminium ».

Des échantillons de sang prélevés au cours des recherches d’Amnesty indiquent « des concentrations de plomb allant jusqu’à 704 mg par litre, soit plus de 14 fois le seuil fixé par l’Organisation mondiale de la santé et pouvant nécessiter une intervention médicale ».

Interpelé sans succès depuis plusieurs années par l’opinion nationale et internationale, le ministère congolais de l’Environnement a fini par rendre son verdict le 17 juin 2024 :  il a ordonné « la suspension totale des opérations de Metssa Congo - jusqu’à nouvel ordre ».

Malgré cette première grande victoire, Amnesty va plus loin pour « exiger une enquête immédiate sur l’impact total de l’usine de Metssa Congo sur les droits humains de la communauté qui vit à proximité ».  En plus, les conclusions de l’enquête sont à partager publiquement et des réparations doivent être accordées aux victimes.

Amnesty a initié une lettre qui permet à chacun de ses membres actifs de s’adresser directement à la ministre congolaise de l’Environnement et développement durable, Eve Bazaiba. Le message, ayant en objet « Je soutiens le quartier de Vindoulou dans sa lutte pour un environnement sûr ! » et accompagné des informations personnelles du membre (nom, prénoms, courriel, pays), sera envoyé par voie électronique par l’ONG. Ci-dessous, l’intégralité de la lettre en question.

Madame la Ministre,

La décision prise par votre ministère en date du 17 juin portant suspension totale des activités de l’usine de recyclage de Metssa Congo constitue une avancée importante dans la protection des droits des résidents de Vindoulou.

Les habitant·e·s du quartier se battent en effet depuis longtemps pour obtenir la relocalisation de l’usine de Metssa Congo, laquelle recycle des produits industriels contenant du plomb et produit des barres de plomb qu’elle exporte ensuite dans le monde entier, notamment aux États-Unis. L’usine, située à 50 mètres à peine d’une école, émettait du bruit et une épaisse fumée noire en permanence.

Les habitant·e·s se plaignent depuis plusieurs années de ces émanations, responsables selon eux de maux de tête et d’estomac, ainsi que de vomissements. L’entreprise a démarré ses activités en 2013 alors même qu’elle n’aurait pas effectué d’étude d’impact environnemental, pourtant prévue par la législation congolaise. Les autorités ont procédé à sa fermeture temporaire en 2020 mais l’usine a repris ses activités la même année, sans que des réponses concrètes ne soient apportées aux inquiétudes des riverains.

De récentes analyses ont révélé des concentrations alarmantes de plomb dans le sang des habitant·e·s testés, parmi lesquels neuf enfants. D’après les lignes directrices de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), à partir d’une concentration de 50 microgrammes de plomb par litre de sang, des interventions médicales sont nécessaires, et il n’existe pas de concentration de plomb dans le sang qui soit sans danger. Une exposition prolongée au plomb entraîne divers troubles gastro-intestinaux, hématologiques et neurologiques, en particulier chez les jeunes enfants. Or, la concentration de plomb relevée dans le sang des habitant·e·s de Vindoulou, y compris chez un enfant âgé de 14 mois, allait de 263 à 704 microgrammes par litre, soit plus de 14 fois le seuil fixé par l’OMS.

Nous saluons donc votre décision qui marque un répit pour les habitant.e.s de Vindoulou. Elle constitue la première étape pour la pleine protection de leurs droits environnementaux et socio-économiques.

Nous vous prions ainsi, Madame la Ministre, de poursuivre les actions entreprises, en diligentant une enquête indépendante et transparente sur l’impact global en matière de santé et de droits humains des activités de Metssa Congo depuis 2013.

En fonction des conclusions de l'enquête, plusieurs mesures devraient être envisagées pour remédier aux impacts identifiés. Des mesures de réparation et d'indemnisation à l’endroit des personnes affectées par les activités de Metssa Congo devraient être prioritaires, avec des programmes spécifiques pour remédier aux potentiels dommages causés à la santé, ainsi que la relocalisation de l’usine dans un lieu éloigné de toute habitation.

En espérant que vous porterez une attention particulière à notre requête, veuillez agréer, Madame la Ministre, l’expression de notre considération.

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